Encore une bonne nouvelle
Encore une bonne nouvelle.
Certains critiques prennent un malin plaisir à relever les contradictions des textes néo-testamentaires pour en conclure au caractère approximatif des informations historiques rapportées par le NT. Or nous allons voir qu’il n’en est rien. En effet, le Nouveau Testament ne se contredit jamais, comme on va le voir dans les deux exemples suivants.
• Dans les Evangiles le messie devait par exemple venir sur des nuées:
et l’on verra le Fils de l’homme venant sur les nuées (Mt 28, 30)
D’ailleurs je vous le déclare dorénavant, vous verrez le Fils de l’homme … venant sur les nuées du ciel. (Mt 26,64)
alors qu’il vient sur un âne. Certains crient à la contradiction. Or il n’en est rien. En voici la raison. Nous la trouvons dans un midrash. Un certain Rabbi Yéhoshua b. Lévi avait déjà remarqué cette « contradiction »:
Il est écrit (au sujet du Messie): « Et voilà qu’au sein des nuages célestes survint quelqu’un qui ressemblait à un fils de l’homme », (et d’un autre côté) il est écrit: « humble et conduisant un âne ». On lui répondit: il n’y a pas de contradiction : Si Israël en est digne, (il viendra) avec les nuages du ciel; sinon, (il viendra) « humble et conduisant un âne. » (Sanhedrin 98a).
Voici un second exemple qui montre que le Nouveau Testament ne peut jamais se contredire étant donné qu’il relève d’une logique très spéciale, qui est celle du midrash.
• Comment « abolir-conserver » la Loi ?
Abolir et conserver la Loi, dans le même mouvement, est une entreprise délicate. En Matthieu 5, 17 on nous explique que Jésus, n’est pas venu abolir la loi mais l’accomplir. En conséquence, la loi serait valide et même intangible, au point que même la plus petite lettre de cette loi (le yod) ne peut en être retranchée.
Mt 5,18 – Car je vous le dis, en vérité : avant que ne passent le ciel et la terre, pas un i, pas un point sur l’i, ne passera de la Loi, que tout ne soit réalisé.
En Cantique Rabba nous trouvons ces passages.
•Ct R 5,12 NOIRES COMME LE CORBEAU. R. Alexandri b. Hadrin et R. Alexandri Qaroba ont dit : Tous les habitants de la terre voudraient-ils joindre leurs efforts pour rendre blanche l’aile d’un corbeau, qu’ils n’y parviendraient pas. De même si tous tentaient d’enlever un yod, la plus petite lettre, à la Tora, ils n’y parviendraient pas. D’où le savons-nous ? Du cas de Salomon. Il voulut changer un yod à la Tora et un accusateur s’éleva contre lui. Qui l’accusa ? R. Yéhoshu’a b. Lévi a dit : La lettre yod du mot yarbe l’accusa. (Salomon affirma que lui pourrait multiplier (yarbe) le nombre de ses femmes sans pécher). R. Shim’on b. YoHaï a dit : Le livre du Deutéronome monta se prosterner devant le Saint béni soit-il et déclara : Souverain de l’univers, tu as écrit dans la loi qu’un testament même partiellement modifié, devient entièrement nul. Or le Roi Salomon souhaite retrancher un yod de la Tora. Le Saint béni soit-il répondit: Salomon et beaucoup d’autres comme lui passeront, mais pas un yod de la Tora ne tombera.
• Ct R 5,13. R. Yéhoshu’a b. QorHa a dit : la lettre yod figurant dans le nom de Sara monta se prosterner devant le Saint Béni soit-il et déclara : Souverain de l’univers, tu m’as retranché du nom de cette femme Juste, la femme d’Abraham le Juste, et tu l’appelas Sarah. Dieu répondit : Jusqu’à présent tu figurais à la fin du nom d’une femme. Désormais je vais te mettre au début du nom d’un homme, du plus juste des hommes de ce monde, ce que vise le verset : Moïse donna à Hoshé’a, Fils de Nun, le nom de Yéhosu’a (Nb 13,16)
Pourquoi ce midrash sur la lettre yod, et donc sur la pérennité de la Loi, se retrouve-t-il dans les Évangiles ? Alors même que ces textes s’évertuent à nous expliquer, en même temps, que la Loi est caduque. La réponse tient sans doute à la fin de notre second passage et au lien avec Josué. Josué a transmis fidèlement la Loi reçue de Moïse. En récompense, il a reçu le yod de la pérennité dans son nom. Les Évangiles reprennent donc ce midrash, même s’il conduit en apparence à une contradiction. C’est que Jésus est à la fois le Josué biblique (qui transmet fidèlement la loi) et le Josué du troisième Exode, celui de la fin des temps qui allège la Loi. Contrairement à nous, lecteurs actuels, les Évangiles ne voient aucune contradiction entre la fidélité à la Loi et l’abolition de la Loi. Ils reprennent intégralement le midrash juif, mais l’écrivent comme réalisé. La fin des temps est advenue et le Josué qui est venu abolir la Loi est le même que le Josué qui l’avait transmise fidèlement.
Pour penser ce type de contradictions, qui sont nombreuses dans les textes chrétiens, Hegel, fut conduit à créer le concept d’Aufhebung (conservation et dépassement) qui devint le ressort de sa dialectique spéculative. Hegel avait d’ailleurs parfaitement conscience de l’ancrage théologique de ce concept. Ce qui est plus étonnant, c’est de penser que ce concept, dont le marxisme a fait l’alpha et l’omega de son discours, a été créé pour rendre compte du fait que le midrash ne connaît pas la contradiction.